01.01.2010
Sans effets spéciaux : Bonne année
C'est le jour où jamais pour être un peu solennels...
En espérant que 2010 nous permettra de partager un peu plus de
bonnes nouvelles, je vous laisse comme étrennes deux messages intenses
qui, curieusement, se croisent pour nous redonner le sens de nos
combats, au delà des simples refus.
L'un travaillé par la foi lucide et exigeante de Maurice Bellet,
philosophe solitaire, dans "Le sauvage indigné".
L'autre porté par le lyrisme poétique et revitalisant des caribéens
Chamoiseau , Glissant et Cie dans "Le manifeste pour les "produits" de
haute nécessité" ,lancé après "la houle formidable" qui a submergé les
Antilles.
" Qu'est-ce qui manque? L'unité, l'unité de ces efforts ou
tâtonnements dispersés, le souffle, la vue d'ensemble.
Il faut imaginer, il faut essayer, chacun pour la part qu'il peut
prendre. C'est courir le risque de l'échec...Entendons: par rapport à la
prétention d'aboutir, fixer,posséder le bon système, la solution, toute
oeuvre réelle sera toujours déception. Il y a alors trois issues. La
première est l'abandon, la résignation, qui peut prendre deux formes
apparemment opposées: le glissement dans le désespoir, l'adaptation
forcenée au monde qu'on vomissait. On l'a trop souvent vu chez les
ex-révolutionnaires.
La seconde solution est l'entêtement, l'enfoncement dans l'impasse.
On l'a vu aussi; et l'on en a vu les effets.
La troisième façon est de traverser la déception. Vient toujours le
moment de la "zone confuse", des compromis , des régressions, des
déportements. Traverser, c'est accepter l'épreuve de la désillusion,
accepter de reconnaître les effets pervers, reprendre, reprendre au
commencement, reconstruire, et en sachant - pour toujours- que la
Demeure de l'homme est dans ce travail même, où il ne se résigne pas."
" Projetons nos imaginaires dans ces hautes nécessités jusqu'à ce que la
force du vivre-ensemble, ne soit plus un "panier de ménagère", mais le
souci démultiplié d'une plénitude de l'idée de l'humain.
...........
Nous appelons donc à ces utopies où le Politique ne serait pas
réduit à la gestion des misères inadmissibles ni à la régulation des
sauvageries du"Marché", mais où il retrouverait son essence au service
de tout ce qui confère une âme au prosaïque en le dépassant ou en
l'instrumentalisant de la manière la plus étroite.
Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui
installe l'individu, sa relation à l'Autre, au centre d'un projet commun
où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense et de plus
éclatant, et donc de plus sensible à la beauté."
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