On y est, on y est… dans le sujet.
Là, on échange sur les difficultés que rencontrent les précaires français, notamment en termes de confort ou d'inconfort de leur logement et de leur vie quotidienne.
Quand j'étais à 500 euros par mois, ne pas disposer d'eau chaude me permettait de réaliser - contraint - des économies (comme évoqué plus haut).
Et j'en faisais dans de nombreux domaines. Je fus un gros fumeur avant de basculer au RSA.
J'ai arrêté de fumer du jour au lendemain, après 40 ans d'intoxication intensive, pour des raisons financières. Si j'avais eu les moyens, si j'avais touché le "RSA belge", peut-être aurais-je continué à fumer. Et peut-être d'ailleurs en serais-je déjà mort puisque j'ai fait un infarctus il y a quatre ans alors que je ne fumais plus.
Et je peux poursuivre la liste des "restrictions économiques" encore longtemps.
Entre 2001 et 2022 (année où j'ai pris ma retraite), je suis passé de 3.500 euros nets par mois (avec plein d'avantages en nature) à 500 euros (RSA partiel car j'avais un peu d'argent placé).
Quand on perd 3.000 euros de pouvoir d'achat en 20 ans, ça fait un choc ! Surtout en période d'inflation. Non seulement tu as beaucoup moins d'argent, mais les prix augmentent.
J'ai donc appris à me restreindre (et à être malin aussi, très malin parfois, mais ça c'est un autre sujet).
Là, depuis que je suis à la retraite, j'ai quasiment doublé mes ressources.
Je n'ai jamais été aussi riche depuis 2010. C'est dingue d'écrire ça alors que je ne touche que 960 euros par mois.
Et, franchement, quand j'ai vu le reportage sur les précaires belges, je me suis dit : "
Putain mais ils ont la vie facile comparé aux vrais précaires français". J'ai halluciné.
Sauf que je sais aussi que
les Français subissent un énorme déclassement. La vie était encore facile dans les années 70/80, quand j'avais une vingtaine d'années. Quand j'étais à la fac à Paris, j'avais des copains, FILS DE PROLOS, SANS FORTUNE, qui exerçaient des petits jobs d'étudiants (pion, surveillant de cantine, serveur…) qui pouvaient louer un studio sympa ou un deux pièces
dans des quartiers agréables de Paris.
Aujourd'hui, le studio équivalent est à 700 ou 800 euros (peut-être plus). Le deux pièces, à 1.200 ou 1.300. Minimum.
Mes potes de l'époque ne pourraient plus se loger dans Paris.
Ce déclassement, je le mesure avec Actuchomage, depuis 20 ans.
Je prends toujours l'exemple de la Prime de Noël à 150 euros.
ELLE N'A PAS AUGMENTÉ DEPUIS SA CRÉATION EN 1998.

Elle a perdu 40% de sa valeur (peut-être 50%) et ils envisagent même de la supprimer aux personnes seules.
Ça aussi, c'est un signe. Ça correspond à ce que je pronostique depuis 20 ans ici : Le "gâteau de la solidarité" n'augmente pas (ou peu) mais le nombre de convives est de plus en plus important. C'est la raison pour laquelle je suis très critique sur l'immigration (ce qui m'a valu bien des engueulades et des fâcheries). En France, il y a de + en + de précaires, de mal logés… donc les gens rencontrent de + en + de difficultés. Tout est lié.
RIEN NE CHANGE SURTOUT. On continue à s'enfoncer.
Je ne sais pas comment ils se débrouillent en Belgique mais le système semble plus "généreux".
Pour revenir à ma situation (que j'ai déjà exposée à plusieurs reprises ici) : Ayant fait tout mon parcours professionnel à Paris, j'ai cherché à obtenir un logement social sur Paris et proches banlieues.
J'ai fait ma demande IL Y A 8 ANS. 8 ANS !!!
Comme je vivais dans un logement insalubre, j'ai obtenu le statut DALO (Droit opposable).
J'étais prioritaire au logement social. On ne m'en a pas proposé alors j'ai engagé une action en Justice contre le préfet. Je l'ai gagnée.
Étant toujours sur la touche, j'ai ressaisis la Justice. Et j'ai gagné de nouveau. Le préfet a été contraint de m'indemniser. Eh bien, on ne m'a pas proposé de logement social et j'ai été contraint de m'installer en province pour me loger. Ça, c'est du concret. Ça c'est du vécu.
Mais c'est pas fini, parce que mon avocat (enfin celui de l'association DALO) poursuit la procédure parce qu'il estime (comme moi) que c'est INADMISSIBLE. Ce n'est pas normal qu'un Français qui a travaillé plusieurs dizaines d'années, payé des impôts, élevé un enfant, créé de l'activité et embauché plusieurs dizaines de personnes (dans le cadre de mon activité professionnelle) ne décroche pas de logement social quand il se retrouve dans la galère.
Depuis 8 ans, il y a des gens qui n'ont jamais travaillé en France, jamais payé d'impôts, parfois des étrangers en situation irrégulière d'ailleurs, qui ont bénéficié d'un logement social. Certainement. Ce n'est pas possible autrement.
Alors moi je continue mes démarches judiciaires. Je m'en fous, c'est le préfet (donc l'État) qui paie mon avocat.

Et moi je touche des indemnités. Très minimes mais ça va finir par chiffrer. Tout cela est absurde !
Comme je l'ai écrit plus haut, il ne faut pas me prendre pour un perdreau de l'année. Je suis malin aussi et je connais les combines. Forcément ! 20 ans à la tête d'Actuchomage, je suis une des personnes les mieux renseignées. Je ne suis pas un pauvre couillon. Faut pas rêver !
Mais quand un mec comme moi ne comprend pas ce qu'il se passe,
c'est qu'il y a un gros problème. Très gros problème. Mon cas est emblématique, révélateur d'énormes dysfonctionnements. Et je ne raconte pas tout. Parce que je sais beaucoup de choses depuis le temps.
Quelque part, ça fait partie de mon engagement militant de vivre ce que je vis. Je teste le système.
Je vois bien qu'il déconne à mort. Bon, maintenant je suis à la retraite, c'est forcément plus confortable pour moi. Mais je ne suis pas dupe. Je constate, j'évalue… Je suis un professionnel de la précarité !
Et pour faire le lien avec une autre conversation : Tu as probablement raison. Les services de renseignements s'intéressent peut-être à moi parce qu'ils savent - depuis le temps - que je ne raconte pas que des conneries. En 2003, j'ai quand même contraint l'État (avec 30 autres chômeurs) à débourser 2 milliards d'euros dans l'affaire des Recalculés de l'Unédic. Je ne vais pas revenir là-dessus. Je fais aussi partie des gens qui ont été sérieusement censurés (donc surveillés) pendant la révolte des Gilets, pendant le Covid et sur pas mal de sujets complotistes. Disons que je connais bien les réseaux, les intervenants… Je fais partie des "informés" plutôt bien informés.
