L'Emploi et le Chômage en Débats

Coucou Sophie,

Ce bourrage de crâne sur l'Allemagne est vraiment casse-pied.
Je vais faire une petite contre-enquête de mon côté seulement je ne serai pas aussi rapide que toi.

Je t'embrasse

En Allemagne, le travail temporaire représente une nouvelle offre d'emploi sur trois

Selon le ministre de l'Economie Rainer Brüderle, le retour au plein-emploi est «faisable»… Au «plein-emploi» précaire ?

Superuser ,

Je vais surement vous déplaire ...Désolé ...

Il n'y a pas que l'Allemagne qui s'en sort - malheureusement - mieux que nous , en dépit des déclarations de Mme Lagaffe .
D'aprés l'Expansion, la Grande Bretagne a un taux de chomage à 7.8 % ( 2.46 millions de chomeurs) avec une forte baisse en juin 2010 ( - 49000 ) .
L'Espagne , aussi , pour le 4 eme consécutif , le chomage baisse ( - 35000 en 3 mois ) ; elle affiche un taux de chomage à 20 % , et nous en sommes - nous si loin que cela ... avec les vrais chiffres ...

L'Allemagne vient effectivement de connaitre 13 mois d'affilée de baisse continue du chomage avec un taux de 7.5 % et un nombre de chomeurs à 3.2 millions ( avec une population de 88 millions d'habitants et un pays à remettre en état - l'ancienne RDA - )

Maintenant le déficit extérieur français est en Négatif chronique depuis 2004 ..;
Il affiche -24 milliards d'euros en 2010 au premier semestre ...
L'Allemagne affiche un excédent au premier semestre de + 72 milliards d'euros

Soit un différentiel Allemagne / France de

96 milliards d'euros

au total en 6 mois ...
Les économistes estiment , en régle générale , qu'il faut 15 000 emplois pour avoir un milliard d'euros de plus....!

Cela n'est qu'un constat ... qui n'est vraiment pas flatteur pour notre pays ...

Il serait peut-être utile d'analyser les chiffres du "chômage". Si l'on sort du dispositif, qu'on se retrouve au RSA en ASS ou Hartzi, les gens sont sans emploi (ou grappillent quelques heures à droite à gauche) mais ne sont pas dans les chiffres.

Il serait bon enfin de comparer de qui est comparable. Ne pas non plus confondre emploi saisonnier dans le tourisme et remplacement de gens en vacances avec un véritable emploi.

maillet a écrit :Il n'y a pas que l'Allemagne qui s'en sort

S'en sortir ? Par les statistiques, vous voulez dire...
Si vous estimez que la précarisation de l'emploi est une excellente alternative au chômage, libre à vous. Au quotidien les précaires, eux, ne s'en sortent pas et ils sont de plus en plus nombreux : vous parlez d'un progrès !

L'Allemagne tire son épingle du jeu grâce à ses exportations (c'est un peu la Chine de l'Europe…) d'automobiles et de machines-outils vers les pays émergents, mais sa demande intérieure est très faible, sa natalité en chute libre et son taux de pauvreté est supérieur au nôtre.

La Grande-Bretagne, elle, compte environ 2,5 millions de personnes en âge de travailler mais qui sont considérées comme "invalides" (2,5 millions, ça fait beaucoup, non ?) et touchent une "allocation d'incapacité", échappant ainsi aux statistiques officielles. Quant à son taux de pauvreté, il est supérieur au nôtre de 7 points.

L'Allemagne fait pareil, «en vertu d'un certain nombre de règles statistiques» comme la non comptabilisation des chômeurs de plus de 58 ans, des Hartzis qui ont un job à 1 € de l'heure, ou des chômeurs en formation... voir ici.
Tous les pays ont leurs combines pour escamoter une partie de leurs chômeurs. Même l'Espagne (qu'on ne connaît pas), dont le taux de pauvreté atteignait déjà 20% en 2008.

Quand à l'épouvantail du déficit extérieur, c'est une chimère bien répandue => LISEZ CECI.

Lire également, à titre comparatif : Taux de pauvreté en Europe

Pour l'Allemagne je n'ai pas les chiffres du chomage sous la main, mais j'ai suivi les infos dans des chaines de radio allemande.

Il est vrai que la com' officielle prône actuellement une baisse du chômage. Mais dans presque chaque info ce chiffre officiel est repris et relativisé par les présentateurs car dans ces officiels 3,5 millions ne sont pas comptés 2 à 3 millions chômeurs ou "équivalents" pour des questions de définition. Ensuite le secteur du bas salaire et des travailleurs pauvres explose.

Die Frankfurter Allemgeine écrit aujourd'hui même :

Un Allemand sur cinq a un bas salaire

En tout il y a 6,55 millions de salariés en Allemagne qui travaillent dans le secteur des bas salaires - c'est un chiffre jamais atteint auparavant. C'est l'Institut pour le travail et la qualification (IAB) qui a calculé ce chiffre. Aucun autre pays n'a eu une telle croissance dans le secteur des bas salaires expliquent les auteurs de cette étude. [...]

Ensuite, le marché du travail temporaire a monté en flèche, il y a effectivement une précarisation énorme du travail. En général, le travail temporaire est moins bien payé que le CDI (qui est en voie de disparition) car déjà les boîtes interim se font une marge de 10 à 30% sur le salaire des salariés "loués", ensuite les entreprises n'ont pas la main généreuse non plus.

Alors pour "s'en sortir" il y a mieux.

En revanche, les riches vont effectivement mieux.

En 2009 il y a eu 430.000 ménages de millionnaires (en dollar) en Allemagne.

Allemagne: la croissance repart, la précarité aussi

Tous les indicateurs économiques sont au vert mais le nombre de travailleurs pauvres augmente...

L’Allemagne affiche une croissance à faire pâlir d’envie ses voisins européens. Le PIB a augmenté de 2,2% au deuxième trimestre 2010, contre 1% en moyenne dans la zone euro et 0,6% pour la France.

Après une récession plus marquée que dans le reste de l’UE l’année dernière, la reprise a été d’autant plus forte outre-Rhin. Une performance qui s’explique par un modèle économique dynamique mais qui cache aussi une précarité galopante.

http://www.20minutes.fr/article/588407/ ... rite-aussi

Six semaines de congés payés, c'est trop, selon les fédérations patronales allemandes. Surtout quand la reprise est au rendez-vous et que les carnets de commandes sont pleins...

Deux fédérations de petites et moyennes entreprises allemandes proposent de réduire la durée des congés payés de leurs salariés pour soutenir la reprise, selon leurs dirigeants cités vendredi par Bild Zeitung. "Six semaines, c'est trop. Quatre semaines, c'est amplement suffisant", a dit au quotidien à grand tirage Ursula Frerichs, qui dirige la fédération UMW. "Nous pourrions mettre des congés de quatre semaines à l'essai en 2011 pour soutenir la reprise", a-t-elle dit.

Plus modéré, Mario Ohoven, qui préside la fédération BVMW, a déclaré à Bild que "les PME ont à nouveau des carnets de commandes pleins, nous avons besoin de chaque salarié. Les congés payés devraient pour le moment être ramenés à cinq semaines pour préserver la reprise." M. Ohoven ne propose pas de réduire définitivement la durée de congés, mais de stocker les vacances non utilisées sur un compte temps, qui pourrait être utile en cas de fléchissement des commandes.

L'économie allemande tourne à plein régime actuellement, en particulier grâce aux succès à l'export des PME qui sont le grand atout du pays.

http://www.lexpansion.com/economie/actu ... 37530.html

Réduire les vacances, au lieu d'embaucher. Bien sûr, ceux qui proposent ça ne verront pas les leurs réduites. Ils vont juste s'en mettre un peu plus plein les fouilles, d'une façon ou d'une autre, pour mieux en profiter...

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais moi, à chaque fois qu'une apparente bonne nouvelle émane d'un gouvernement, surtout de droite libérale-chrétienne-démocrate, je me méfie : avec eux, il y a toujours anguille sous roche !


Le gouvernement allemand a adopté mercredi un projet controversé de taxe sur les bénéfices des banques, qui doit éviter à l'avenir que le contribuable mette la main à la poche pour sauver les établissements en faillite.

Les banques allemandes devront à l'avenir verser à l'Etat une partie de leurs profits, selon ce projet de loi qui doit être validé par le parlement avant la fin de l'année. Les sommes ainsi récoltées serviront à créer un fonds de sauvetage dans lequel puiser en cas de menace de faillite d'une banque jugée d'importance stratégique. Le montant de la taxe sera fonction de la taille de l'établissement et du degré de risque de ses activités.

L'Allemagne, échaudée après des sauvetages publics très coûteux tel que celui de l'établissement spécialisé dans l'immobilier Hypo Real Estate, qui bénéficie encore de plus de 100 milliards d'euros de garanties publiques, est le premier pays à avoir lancé l'idée. Berlin espère convaincre d'autres Etats de faire de même, mais jusqu'ici la France est l'un des seuls pays à s'enthousiasmer pour le projet.

Le gouvernement allemand n'a pas encore donné de chiffres pour les recettes espérées de cette taxe, indiquant seulement qu'en 2006, avant la crise, elle aurait généré sur l'année 1,3 milliard d'euros. Autrement dit, un montant symbolique. L'idée de la taxe est "charmante", mais "autant essayer de réchauffer l'Atlantique avec une bouilloire", a asséné Robert Halver, analyste bancaire de la Baader Bank, interrogé par la radio MDR. "Dans la pratique, c'est le contribuable qui continuera à payer", a déclaré Konrad Becker, analyste des banques pour la maison Merck Finck. Lequel mise davantage sur d'autres volets du projet de loi...

Car le texte adopté mercredi donne également la possibilité à l'Etat et à l'autorité de surveillance du secteur bancaire d'intervenir plus vite et de manière plus autoritaire lorsqu'une banque jugée d'importance stratégique donne des signes de faiblesse. Le gouvernement aura ainsi le droit de liquider certains actifs de l'institution menacée, passant éventuellement outre l'avis des dirigeants et des actionnaires. "Cela va leur donner à réfléchir", juge M. Becker, ajoutant : "L'idée de base est la suivante : nous ne laisserons plus les banques nous faire du chantage".

http://www.lexpansion.com/economie/actu ... 37860.html

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais moi, à chaque fois qu'une apparente bonne nouvelle émane d'un gouvernement, surtout de droite libérale-chrétienne-démocrate, je me méfie : avec eux, il y a toujours anguille sous roche !

J'ai la même impression... on parie combien que les banques vont répercuter les taxes sur le citoyen lamda et non sur l'actionnaire ?

M. Ohoven ne propose pas de réduire définitivement la durée de congés, mais de stocker les vacances non utilisées sur un compte temps, qui pourrait être utile en cas de fléchissement des commandes.

Là, ils vont se mettre du monde à dos...

En Allemagne, les petites boites n'adhérant pas à une convention collective n'avaient que le minimum, à savoir 20 jours par an. Par contre les banques, le textile ou la métallurgie où j'ai travaillé avaient tous 6 semaines.

Donc, le temps de travail sera annualisé, pas de boulot : on te renvoie chez toi et tu ne pourras même pas t'entendre avec le conjoint et en profiter en famille.
Par contre : il y a du boulot, on te siffle et tu rappliques

Extrait :

Peter SCHWARZ

Tous ces derniers jours les médias et les politiques se sont extasiés sur la "croissance miraculeuse" de l’économie allemande. Le ministre fédéral de l’Economie, Rainer Brüderle parle d’un "boom XL", l’économiste en chef de la Commerzbank parle d’un "conte de fée d’été". La crise, faut-il comprendre, a été surmontée plus rapidement que prévu ; l’économie s’est récupérée et entre maintenant dans une phase d’augmentation des emplois et des salaires.

La raison de ces rapports euphoriques est l’augmentation beaucoup plus grande que prévu du PIB au second trimestre de 2010. Comparé au trimestre précédent l’économie a progressé de 2,2% - la plus importante hausse d’un trimestre sur l’autre depuis la réunification de l’Allemagne en 1990. Les experts pensent que l’économie allemande progressera d’au moins 3% cette année, ce qui est bien supérieur aux prévisions.

Quand on regarde de plus près les données économiques, on s’aperçoit que l’enthousiasme que suscite la "croissance miraculeuse" est purement et simplement de la propagande.

article complet et source

L'Allemagne pense fortement à augmenter les salaires
Les patrons allemands sont sous pression : le gouvernement, les experts économiques et les syndicats pensent qu'il est temps de «soigner la croissance intérieure».

On le savait, l'Allemagne est doublement championne d'Europe, tant des exportations que de la modération salariale. Et les patrons allemands aiment ça. Crise oblige, les augmentations salariales négociées en 2009 ont été légères, le plus souvent sous la forme d'une prime unique et non d'une augmentation durable. Pourtant, aujourd'hui que l'économie allemande redémarre sur les chapeaux de roues (3% de croissance attendus pour 2010), la position des patrons n'a pas changé : «A l'heure actuelle, tout doit être entrepris pour ne pas freiner la croissance», estimait Dieter Hundt, président de la Fédération patronale BDA, à la mi-août 2010. Pour lui, ce sont surtout les bénéfices des entreprises qui ont souffert : «On ne peut pas dire que les salaires ont particulièrement reculé pendant la crise et que nous devons rattraper le retard», estime-t-il. Ainsi, les revendications du syndicat IG Metall qui veut 6% d'augmentation pour 85.000 salariés de la métallurgie, sont jugées «exagérées» et non négociables par la fédération patronale du secteur.

Combien de temps M. Hundt et ses collègues vont-ils résister ? Car cette fois-ci les syndicats ne sont pas seuls à vouloir la fin de la modération salariale. Reprenant des propos d'Angela Merkel, la ministre de l'Emploi et des Affaires sociales Ursula von der Leyen a déclaré cette semaine que «les travailleurs doivent aussi profiter de la croissance» car «la croissance appartient d'abord à ceux qui l'ont créée». De son côté, Peter Bofinger, économiste membre du Conseil des experts économiques auprès du gouvernement fédéral, a déclaré qu'il serait bon pour toute l'Europe que l'Allemagne appuie enfin sur la pédale des augmentations : «3% d'augmentation salariale est un niveau raisonnable», a-t-il déclaré pendant que d'autres analystes bancaires parlent de 2,5 à 3%, en estimant que l'Allemagne doit aussi «soigner sa croissance intérieure».

Les chiffres sur l'évolution des salaires dans l'Union européenne, publiés mercredi par le très sérieux Office fédéral des statistiques, sont venus enfoncer le clou. Entre 2000 et 2010, les salaires européens ont augmenté de 35,5% en moyenne, contre 21,8% en Allemagne. Aujourd'hui, la balle est donc dans le camp patronal. Et le résultat des négociations menées dans la métallurgie, qui ont démarré le 6 septembre dernier, sera un indicateur important.

http://www.lexpansion.com/economie/actu ... 38675.html

Du meilleur des mondes – Interview avec Günter Wallraff

Traduction d'une interview de Günter Wallraff à l'occasion de la publication de son dernier livre "Parmi les perdants du meilleur des mondes". L'interview a été diffusée sur la radio libre F.R.E.I. et podcastée. Dans cette interview Wallraff parle de sa façon de travailler, de sa vision et ses découvertes du monde du travail et de ses combats.

Impossible de mettre une réponse à Diety sur son blog suite à l'article (excellement) traduit.

Cher Diety, je te mets ci-après mon commentaire qui ne t'apportera pas beaucoup, mais juste pour exprimer mon admiration pour ce M. Wallraff et ton travail :

Magnifique travail de traduction et chapeau bas pour Herrn Wallraff, quel courage !
Il faut absolument apprendre à la jeunesse à se poser des questions, les vraies questions, passer au-delà des gadgets stupides et obsolètes après 6 mois, réfléchir, penser, ne pas consommer bêtement.
Beau travail Stephan, digne d'être publié sur certains journaux, pour certains que l'économie allemande ferait rêver. Ils n'ont qu'à pas mettre de côté les bilingues, d'abord !

Je parlais bien sûr du Monde Diplo qui a une fois cité un article à toi, et j'en étais toute fière