---> qui a peur de la démocratie
Extrait :
Les parlementaires acceptent souvent mal ce qu'ils ressentent comme une diminution de leur rôle : ainsi, par exemple, Patrick Ollier, député (UMP) des Hauts-de-Seine, conteste-t-il à la CNDP le droit de dire que le débat a vocation à permettre aux Français de s'exprimer sur le principe du réacteur EPR. Ce "débat démocratique a déjà permis aux Français de s'exprimer, par la voie de leurs représentants légitimes" , écrit-il au président de la commission en septembre.
Mais la position des parlementaires serait plus compréhensible s'ils n'avaient pas eux-mêmes voté ces lois sur le débat public et sur le référendum. Elles visent à compenser le sentiment d'une crise de la démocratie représentative dans notre pays, les décisions paraissant souvent prises au nom d'un intérêt général mal discuté donc mal réfléchi.
Les nouvelles procédures d'information créent d'ailleurs des obligations légales : par exemple, la décision de construire l'EPR a été votée par le Parlement, mais l'acte juridique de création ne pourra être pris qu'au terme du débat public. De même, pour les OGM, l'Etat lui-même est fautif, il n'a pas transposé la directive européenne relative aux organismes génétiquement modifiés et a été de ce fait condamné par la Cour de justice des Communautés européennes le 15 juillet 2004.
Ces thèmes ouvrent la voie à des recours contentieux sans nombre. Mais ce n'est pas à la justice de résoudre un problème qui est politique : face à une grande partie des citoyens désabusés, il faut utiliser les outils d'expression démocratique qui se sont progressivement imposés. A les bafouer, à les traiter comme de simples effets d'affichage, on ne peut qu'activer le déni croissant à l'égard des institutions et de l'Etat, perçu non plus comme représentant l'intérêt général, mais comme l'expression d'une caste arrogante. A ce jeu dangereux, il ne resterait aux citoyens que la rébellion pour imposer de parler des alternatives aux orientations imposées.