Police: entres bavures et suicides - C'est dans l'air

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diety

Police: entres bavures et suicides - C'est dans l'air

Message par diety »

En France, la police déplore, en moyenne, près d’un suicide par semaine. La "grande maison" pudique n’aime guère évoquer ce sujet, pourtant, depuis les suicides de neuf policiers en ce début d’année, les syndicats professionnels, inquiets, demandent l’ouverture d’un "large débat". Dans le même temps, quatre policiers ont été mis en examen pour de graves dérapages.

Le dimanche 13 janvier 2008, un gardien de la paix mettait fin à ses jours dans les locaux du commissariat central de Tour. Un geste lourd de sens, et ce quelques semaines après que l’un des ses collègues soit découvert en hypothermie dans la forêt de Chinon, au lendemain d’une tentative de suicide ratée. Un autre policier de la même région s’était lui aussi tué quelques mois plus tôt avec son arme de service.

Une série noire en Touraine mais aussi à Orléans, Paris... Depuis le 1er janvier, neuf policiers se sont suicidés en France, contre cinq à la même époque en 2007. Au moins une dizaine d’autres - agents administratifs, commandants, gardiens de la paix ou brigadiers... - auraient tenté de se donner la mort.

Pourtant, les chiffres de janvier 2008 ne sont pas, de prime abord, plus alarmants que ceux du premier mois de l’année précédente, puisque, selon les statistiques officielles, huit policiers s’étaient suicidés en janvier 2007. Mais ils suscitent l’inquiétude des syndicats et relance la question du malaise dans cette profession et des raisons de ces passages à l’acte. Pression hiérarchique, problèmes personnels ? Le débat est lancé et les points de vue divergent entre les syndicats.

"Ces chiffres ne sont pas supérieurs à la moyenne nationale", relativise l’UNSA-Police dans un communiqué, tout en s’interrogant "sur l’augmentation de la pression hiérarchique liée à l’instauration de quotas d’interpellations ou de contraventions".

Du côté de Synergie Officiers, deuxième syndicat d’officiers de police, les propos sont plus nuancé. "La faute à la hiérarchie ? La faute à des problèmes personnels ? Tout est étroitement imbriqué quand on fait ce métier émotionnellement très difficile".

Des arguments que ne partage pas Jean-Claude Delage, du syndicat Alliance Police, pour qui ces suicides ne sont pas liés au métier, considérant toutefois "qu’une réflexion de la hiérarchie soit la goutte d’eau qui fasse déborder le vase, ça c’est de l’ordre du possible". Ce qui est certain, en revanche, pour lui aussi est qu’il faut être psychologiquement fort. "Il faudrait mieux accès dans le recrutement sur les difficultés bien particulières de notre métier, comme l’éloignement de la famille. Les aider à être forts, ce serait aussi leur donner un salaire et des conditions de vie acceptables. Un jeune policier gagne le SMIC à 200 euros près".

Parallèlement, de graves dérapages de trois policiers, jusque-là bien notés, dans la nuit du 1er au 2 février, dans un pub d’Amiens, ont entraîné leurs mises en examen pour "provocation à la haine raciale". Des comportements qui entachent une nouvelle fois l’image des fonctionnaires de police, posent un problème concernant la déontologie de certains de ces membres et interrogent sur la teneur des "enquêtes de moralité" réalisées au moment du recrutement.

C'est dans l'air - France 5
(19 février 2008)

Invités:

Marc Louboutin : Officier de police démissionnaire.

Nicolas Comte : Gardien de la paix et secrétaire général du Syndicat Général de la Police de Force Ouvrière (SGP-FO).

Christian Mouhanna
: Sociologue et chercheur au Centre de sociologie des organisations, du CNRS, spécialiste dans les questions de police et de justice.

Jean-Louis Loubet del Bayle : Sociologue de la police et des institutions policières, et professeur de science politique de l’Institut d’études politiques de Toulouse.

L'émission est diffusée sur internet.

J'ai trouvé intéressant et bien souligné l'aspect absurde et néfaste de la culture des "quotas". Les fonctionnaires de polices reçoivent des ordres pour arrêter x Maliens une semaine, y Béninois l'autre semaine. (ordres sans trace écrite si j'ai bien compris) D'où les sempiternels (et interdits) contrôles de faciès. (Comment distinguer un Malien d'un Béninois??)

Puis il faut faire du chiffre. On obtient plus facilement des résultat dans des affaires de consommation de stupéfiants, mais on n'a que très rarement un succès dans l'élucidation d'un cambriolage (beaucoup de moyens en heures et en hommes pour peu de résultats), d'où une concentration sur certaines affaires en négligeant d'autres. Dans ce sens, la police est un instrument de la politique. Le fonctionnaire a "le choix" entre un comportement déontologiquement incorrect soit illégal ou désobéir à sa hiérarchie avec comme conséquences des sanctions (mutations...)
Dans les enquêtes internes, tout va toujours très bien...
Mallo

Message par Mallo »

Un jour j'ai discuté avec un commandant de gendarmerie.

Il m'a avoué avoir de la pression pour faire du chiffre et subir de la répression s'il ne fait pas ses chiffres ...
Comme les estrangers sans papiers ne peuvent pas être virés de france s'ils souffrent de cardiopathie ... Il fait les démarches pour les virer (sans succès puisque malades) pour faire ses chiffres ...

Et il "magouille" ainsi pour pas mal de chiffres qu'il doit faire ...
tristesir

Message par tristesir »

Avec la mode de ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux, est ce que l'Etat remplace les fonctionnaires qui se sont suicidés et qui en sont morts? :shock:
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