Une cinquantaine de chômeurs se sont publiquement rasés et fait couper les cheveux mardi sur une place de Mayence (sud-ouest de l'Allemagne) pour protester contre les propos d'un responsable politique qui avait enjoint un chômeur de se raser s'il voulait trouver du travail.
Les manifestants se sont rassemblés devant le siège du parlement de Rhénanie-Palatinat, Etat régional dirigé par l'auteur des propos controversés, le président du Parti social-démocrate (SPD) Kurt Beck. Par ce happening, ils voulaient le prendre au mot pour obtenir un emploi.
M. Beck avait provoqué un débat national le 12 décembre lorsque, interpellé à Wiesbaden, près de Mayence, sur un marché de Noël par Henrico Frank, un chômeur à l'allure hirsute, il lui avait rétorqué: "Commencez par vous laver et vous raser, vous trouverez aussi du travail!". Peu après, le président du SPD, par le biais de ses réseaux, lui avait fait transmettre plusieurs offres d'emploi.
Henrico Frank, qui était devenu en quelques jours le chômeur le plus célèbre d'Allemagne, n'était pas présent mardi parmi les manifestants. Ceux-ci brandissaient des pancartes proclamant "Aidez-nous, M. Beck!" ou "Stop à la grande coalition", au pouvoir à Berlin et unissant la droite et la gauche.
La réplique de M. Beck avait provoqué un débat et alimenté un véritable feuilleton médiatique en Allemagne. A gauche de l'échiquier politique, quelques voix s'étaient offusquées de la réaction du social-démocrate, perçue comme un affront à tous les chômeurs. Mais les stratèges du SPD avaient constaté que la sortie de Kurt Beck avait été plutôt bien perçue par les électeurs et par la base du parti en mal de leader au parler vrai.
Quant à Henrico Frank, pris en grippe par l'influent quotidien populaire Bild qui l'a qualifié de "chômeur le plus insolent d'Allemagne", il avait pris au mot M. Beck en se lavant et se rasant, mais n'avait pas donné suite aux huit offres d'emploi qui lui avaient été présentées.
