Séminaire Copernic : police et politique du chiffre

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diety

Séminaire Copernic : police et politique du chiffre

Message par diety »

Séminaire Copernic : police et politique du chiffre - mercredi 12 mai de 19h30 à 21h30

Date : Le mercredi 12 Mai de 19h30 à 21h30.
Lieu : 8 rue de la Banque, Salle des expositions, 1 er étage, Mairie du IIè.

La mise en place de la politique du chiffre dans la police : enjeux et effets sur la vie citoyenne

Avec :

- Gaétan Alibert, syndicaliste policier à SUD Intérieur.

- Erik Blondin, syndicaliste policier, auteur de Journal d’un gardien de la paix, La Fabrique, 2002.

- Evelyne Sire-Marin, magistrate, ancienne présidente du Syndicat de la Magistrature et présidente d’honneur de la Fondation Copernic. (sous réserve)

- Laurent Bonelli, sociologue, spécialiste des questions de sécurité urbaine et de surveillance, maître de conférences en Science politique à l’Université Paris X Nanterre.

Laurent Bonelli a notamment publié La Machine à punir. Pratiques et discours sécuritaires, L’Esprit frappeur, Paris, 2001 et plus récemment La France a peur. Une histoire sociale de l’insécurité, La Découverte, 2008.
diety

Re: Séminaire Copernic : police et politique du chiffre

Message par diety »

Bonsoir,

j'ai été au séminaire de Copernic, soirée que j'ai trouvé intéressante.

Voilà quelques faits (dans le désordre) qui en sont ressortis et que l'on sait ou dont on se doute déjà plus ou moins:

- La politique du chiffre est une politique de communication qui se fiche du travail qu'il y aurait à faire

- Cette politique a dégradé les conditions de travail des policiers et la relation de la police avec la population

- Il y a des policiers qui n'y adhèrent pas mais le système leur rend la vie difficile s'ils refusent de la mettre en pratique (une résistance joue négativement sur la notation, les primes des collègues et ses supérieurs)

- Le corps de la police a vécu une réstructuration vers des petites "unités de projets" avec un budget alloué pour un objectif à atteindre. Chaque "unité de projet" doit rendre des compte de son "efficacité". Cette organisation est à l'image de la société capitaliste de productivité et du rendement et a des effets pervers. Ces unités fonctionnent comme des entreprises.

- Il y a bel et bien des quotas de PV, d'interpellations, de gardes à vue, mais les ordres sont toujours donné oralement, pas de traces écrites

- l'IGS est un contre-pouvoir d'apparence. Il manque un contrôle extérieur de la police, comme cela existe dans d'autres pays européens

- les juges qui ne veulent pas appliquer la politiques des peines plancher peuvent théoriquement la refuser mais doivent assumer comme conséquence une surcharge énorme de travail (week-ends, nuits de travail de plus), donc beaucoup s'y résignent finalement

- un pauvre qui vole des petites choses pour soi ou pour son enfant (nourriture, vêtement...) en récidive fera de la prison de 3, 6, 12 mois -> surpopulation carcérale

- La tension et le mécontentement de cette politique est grande dans la police

- nombre d'"outrages et rébellion" suivi par une garde à vue sont soit provoqués par les policiers soit sont basés sur de faux témoignages

- C'est une politique pour étouffer la résistance sociale et pour maintenir les inégalités, une politique contre "les perdants"

- La juge présente au séminaire pense que le travail d'Amnestie Internationale (voir dernier rapport sur la police française) et le travail d'information sur les effets pervers et contreproductifs d'une telle politique est importante. Les condamnation à répétition de la France par la Cour européenne pour non respect des droits fondamentaux entâche la communication du pouvoir

Vous voyez, ce ne sont pas des connaissances bouleversantes, mais il est parfois intéressant d'ententre les choses de vive voix. Le policier syndicaliste a été drôle, un vieux renard humain maintenant à la retraite. Il nous a raconté qu'il n'a pas dressé un seul PV pendant des années quand les chiffres imposés sont devenus absurdes. Il n'a pas été dégradé ni puni, car il a quand-même pu montrer qu'il faisait son travail. Une résistance est donc possible. Mais il faut un certain courage et caractère...

Comme "chez nous", il n'y avait pas la foule. La soirée se déroulait dans une petite salle de mariage, on était peut-être 25 à 30 personnes, j'avais peur de ne pas trouver de place, mais la moitié des chaises étaient inoccupées.
maguy

Re: Séminaire Copernic : police et politique du chiffre

Message par maguy »

Tout à fait à la mesure de ce qui nous gouverne : être rentable, faire du chiffre, du fric, une épicerie en somme :evil:
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