Actuchomage/Inter-Emploi… dans le Nouvel Obs

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Yves
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Actuchomage/Inter-Emploi… dans le Nouvel Obs

Message par Yves »

Le Nouvel Obs de cette semaine consacre deux pages à Actuchomage et à Inter-emploi.

Lien direct : http://www.nouvelobs.com/articles/p2143/a289059.html

Ou lire ci-dessous :

Quand les chômeurs prennent la parole

Ils descendent rarement dans la rue pour dire leur colère. Alors certains d'entre eux ont décidé de se battre par d'autres moyens : ils se fédèrent sur internet, interviennent dans les médias, entament des poursuites judiciaires pour discrimination par l'âge, publient des livres...

Ils ouvrent des sites internet, souvent bouillonnant de passion. Ils créent des blogs qui ressemblent à des cris de colère. Ils interviennent dans les médias. Ils traquent les annonces discriminatoires, intentent des actions en justice. Ils publient des livres. De plus en plus de chômeurs prennent la parole en direct, comme s'ils ne se sentaient pas ou plus représentés par les syndicats de salariés qui négocient avec le patronat sur leur sort, via l'avenir de l'Unedic. Comme s'ils ne se retrouvaient pas dans les associations - Agir contre le Chômage, CGT Chômeurs, etc. - proches de l'extrême-gauche ou du PC.

Ainsi Sophie Hancart, 43 ans, a donné un visage à ces 3 millions d'anonymes. Son portrait a été diffusé pendant cinq minutes sur TF1 dans l'émission «Sept à huit» du dimanche soir. Sa photo a été publiée à la une du mensuel «Liaisons sociales». Elle a participé à un débat sur la pauvreté à France 2 dans l'émission «Ça se discute», «chez Delarue». Vaillamment elle a expliqué devant les caméras que le chômage pourrit la vie. Qu'elle vit seule. Que, pour une femme sans emploi, les rencontres sont plus difficiles. Cette ancienne coordinatrice logistique dans une grande maison de disques vit aujourd'hui avec 696 euros par mois. Et l'aide de sa mère.

Pourquoi l'invite-t-on sur les plateaux télé pour témoigner au nom des chômeurs ? Parce que Sophie a créé un site, actuchomage.org, avec quelques personnes dans sa situation, dont Yves Barraud, ex-cadre de la communication, et Sylvie Szabo, ex-consultante RH. «Un portail d'information et d'échanges sur le chômage et l'emploi», résume Yves, un révolté épris d'action qui avait déjà mené la bataille des «recalculés», ces inscrits aux Assedic qui n'acceptaient pas la réduction de leurs allocations.
«Quand on perd son travail, dit Sophie, au début, on n'y croit pas. Au bout d'un an, on se rend compte avec horreur qu'on est «longue durée». Après on entre en dépression. Puis vient le moment où l'on a envie d'agir.» Agir, oui, mais comment ? Collectivement ? Difficile. «Le militantisme traditionnel a montré ses limites. Personne ne veut se définir comme sans emploi», dit Sophie. C'est bien connu, les chômeurs ne défilent pas par centaines de milliers de la République à la Bastille.

Heureusement il y a internet, l'outil idéal et peu coûteux, pour contacter et rassembler virtuellement les laissés-pour-compte du travail, même quand ils veulent rester dans l'ombre. Même s'ils sont de sensibilités politiques différentes. A regarder actuchomage.org, foisonnant, riche, véhément, à la mesure du courroux de ses créateurs, on a peine à penser qu'il est fait par une poignée de militants. «C'est parce que nous sommes très interactifs», disent les créateurs du site. On y trouve des dizaines d'articles, des blogs de sans-emploi qui font leur «petit observatoire du recrutement» et racontent leur expérience, des forums, des points de vue d'experts, des interviews d'élus de droite et de gauche, des revendications. Ses créateurs annoncent 40 000 visiteurs par mois. «Et les visiteurs restent en moyenne neuf minutes et dix secondes, ce qui est colossal», affirme Yves Barraud. La tonalité est résolument antinéolibérale, très à gauche, sans affiliation partisane affichée. Bien que la tentation politique pointe avec l'idée d'un «candidat chômeur en 2007»...

Mais pour Sylvie Szabo, 38 ans, il ne fallait pas en rester là. De nombreux sites internet d'emploi développent des formules d'accompagnement des chômeurs, «mais sous la forme de services payants»... Elle s'en indigne, elle qui fut spécialisée dans l'outplacement - qui, dans le jargon, désigne l'aide à retrouver un job. Alors elle vient de créer un autre site, interemploi.org, qui se veut le «numéro vert des demandeurs d'emploi. Le premier site d'accompagnement des chômeurs, 100% gratuit».

Question : assiste-t-on à la naissance d'une nouvelle forme de militantisme des chômeurs ? En effet, Actuchomage ressemble à l'embryon d'un mouvement plus «société civile», plus «consumériste» que les organisations habituelles. Ses armes ? La communication, bien sûr. Mais aussi l'action judiciaire. L'autre semaine, Actuchomage a encore saisi la Halde (Haute Autorité de Lutte contre la Discrimination). Motif : des offres d'emploi SNCF avec des critères d'âge. Aussitôt la SNCF a annoncé, via l'AFP, que les critères d'âge n'apparaîtraient plus sur internet. Déjà, il y a plusieurs semaines, Yves, Sophie et cinq autres seniors en mal de job, qui se sont rencontrés sur les forums du site, avaient porté plainte devant le tribunal de grande instance de Paris pour discrimination : ils avaient recensé 70 petites annonces d'entreprise, sites internet ou cabinets de recrutement posant des limites d'âge, donc discriminatoires. La plainte ayant été jugée recevable par le procureur, l'affaire suit son cours et chacun des sept a eu la satisfaction d'être interrogé par la BRDP, Brigade de Répression de la Délinquance sur la Personne.

Parmi les sept plaignants, Gérard Plumier. A force d'échanger sur internet à propos de la situation des demandeurs d'emploi seniors, cet ancien dessinateur industriel et chef d'entreprise est devenu un véritable expert de l'exclusion des quinquas du marché du travail. Alors, il a tout couché sur le papier, la rage au ventre, et publié un livre chez l'Harmattan, «Chômage senior. Abécédaire de l'indifférence». Ce courageux qui avait passé deux troisièmes cycles après 40 ans (sciences de l'éducation et contrôle de gestion) exprime toute l'indignation de quelqu'un qui a été victime d'un licenciement économique à 49 ans, il y a quatre ans. «70% des personnes interrogées estiment que les chômeurs s'en sortiraient facilement, rappelle-t-il, s'ils s'en donnaient la peine.» Il n'a donc pas lésiné. Résultat : 2 000 candidatures infructueuses, et la litanie des réponses qu'on sert aux quinquas et même maintenant aux quadras : «surdimensionné», «trop d'expérience», «trop âgé»... Marié à une assistante maternelle, Gérard Plumier vit à la campagne car cela revient moins cher. Il a encore un fils ado à la maison. Les quatre aînés sont grands. Au moins a-t-il eu la satisfaction de sensibiliser l'opinion publique en devenant pour les télés et les journaux un des porte-parole des demandeurs d'emploi seniors. Un de plus. Au printemps, Patrick Mayo, un informaticien de 50 ans, avait entamé une marche de 1 000 kilomètres pour attirer l'attention sur sa situation. Et l'année précédente, neuf associations de cadres quinquas - très policés - s'étaient fédérées sous la houlette de Jacques Gosselin pour faire ensemble du lobbying au nom de la Fides, Fédération interrégionale pour le Développement de l'Emploi des Seniors.

Comme Gérard Plumier, d'autres chômeurs en colère lancent des pavés dans la mare. Déjà, Sophie Talneau, ne trouvant pas de poste après son école de commerce, protestait au nom des jeunes diplômés dans «On vous rappellera» (Hachette Littératures). A son tour, Patricia Sudolski, journaliste à la recherche d'un emploi, une ancienne du «Parisien», parle au nom de tous dans «Vous croyez que ça m'arrange d'être chômeuse ? ANPE, Assedic : la vraie vie des demandeurs d'emploi» (Ramsay). Une enquête précise et détaillée nourrie de dizaines et de dizaines de témoignages sur le quotidien du chômeur dans ses rapports - parfois très humains, souvent kafkaïens - avec les Assedic et l'ANPE.

Tous ces chômeurs communicants l'avouent à demi-mot : ce lobbying les aide à vivre. En tout cas, l'énergie qu'ils déploient en témoigne avec éclat : ils sont tout sauf des feignants qui auraient renoncé à faire des efforts pour s'en sortir.


www.actuchomage.org : portail d'information sur le chômage et l'emploi, fait par des demandeurs d'emploi.

www.inter-emploi.org : par une des créatrices d'Actuchomage, spécialiste de l'outplacement. «Le premier numéro vert des chômeurs», dit-elle.

www.fides-asso.org : le site de la Fédération interrégionale pour le Développement de l'Emploi des Seniors. Regroupement d'associations de cadres seniors qui s'entraident pour retrouver de l'emploi et font du lobbying pour l'emploi de ses seniors.

Lire notre dossier Chômage sur www.nouvelobs.com

Jacqueline de Linares
poussin006

Message par poussin006 »

peut être bien qu'à force de faire du bruit on va nous entendre..
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